On confond tout pour le moment... et ceci est dit sans aucun jugement de valeur, les concepts n’étant pas toujours clairement distingués dans les médias et les discours:

 

elearning: il s’agit de construire un cours en utilisant principalement des outils numériques. Les Mooc en sont un bel exemple, aux résultats tout relatifs... Pourtant ils sont bien réalisés: contenus intéressants, vidéos découpées en petites séquences, questionnaires et activités avec feedbacks immédiats ou par les pairs, etc.

Pour poursuivre un enseignement de ce type, sans liens sociaux, il faut une motivation intrinsèque conséquente de l'apprenant. Les tutos « Youtube », sans feedbacks, mais pour apprendre quelque chose dont nous avons besoin ou qui nous intéresse (parfois par hasard, parce qu’on est tombé dessus) sont tout compte fait bien plus efficaces. Et adultes et enfants d'en consommer énormément.

 

Espérer faire de l’elearning avec des enfants/ados à la motivation intrinsèque très variable (;-) ), sans feedbacks, en balançant des pdf en ligne ou en donnant des liens à tour de bras, ça ne fait plaisir… qu’aux parents, dont le soucis n°1 pour le moment (dans les médias en tout cas) est de devoir occuper leurs enfants pendant un télétravail que l'on espère aussi profitable qu'une journée au bureau avec les collègues.

 

Quand on (je) promeut(s) la continuité pédagogique, ce n’est pas ça… évidemment.

 

La continuité pédagogique, c’est garder le lien. Comme une lettre qui arrivait dans la boite aux lettres dans les années 80, 90 ;;-), c’est se lever, et avoir un mot posté par son prof, parce qu’en famille c’est pas la joie et que sans les copains on s’ennuie ferme. C’est poster des exercices courts, que l’élève ne doit pas imprimer (A 96% - chiffres de l’Agence du numérique - les familles ont Internet, mais ils n’ont souvent pas d’encre dans leurs imprimantes - preuve en est dans "ma maison à moi"...). Et quand l'élève renvoie le travail, lui rendre un feedback positif en le remerciant et en prenant en compte son envie d’apprendre avec bienveillance.  C’est proposer des tâches différentes: demander un petit selfie avec une phrase bien écrite à poster sur l’ENT ou proposer des Kahoot où l’élève « joue » avec les autres membres de sa classe. Bref, c’est briser la solitude de certains et si les autres sont parfaitement heureux dans le confinement parce qu’à la maison, vivre ensemble est une bénédiction ou qu’on s’éclate sur Fortnite avec les copains toute la journée, et bien tant mieux! Je crois qu’il sera temps en septembre (dans la version pessimiste) de revoir les apprentissages primordiaux qui ne seront de toute façon pas comblés par des posts de liens…

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Les mauvais exemples que je rencontre, avec ou sans numérique:

 

• Balancer des pdf d’un chapitre entier à remplir seul.

• Balancer des interros d’un chapitre pas encore vu, ne surtout pas donner de feedbacks quand l’élève renvoie ses feuilles.

• Balancer un carnet (de 100 pages, à imprimer) à rendre à la rentrée.

• Balancer les CE1D divers pour se tester, mais pas les correctifs

• Envoyer sur l'ENT ou par mail des travaux, avec bienveillance et optimisme... se rendre compte que ceux qui ne font rien pendant l’année, là, sont heureux et travaillent... s’en réjouir, reprendre de la motivation, renvoyer encore un autre travail... et se retrouver avec 800 copies à corriger.

 

 

Et puis il y a les autres que je rencontre également et souvent! :

• Organiser une vidéoconférence avec ses élèves pour discuter en langues (et ne pas râler si tout le monde ne se connecte pas, ce n’est pas grave!).

• Faire cours par vidéoconférence et permettre alors, en version allégée, de retrouver un peu l’ambiance de ce qui fait vraiment une classe...

• Ouvrir un espace de conversation où les élèves postent en se faisant passer pour un personnage d’un roman lu en classe.

• Revoir son vocabulaire avec une app qui permet de se mesurer aux copains.

• Envoyer régulièrement un petit travail, si possible avec feedback immédiat et en discuter dans le groupe.

• Utiliser, en règle générale, un ENT pour que les élèves puissent discuter plutôt qu’un mail qui reste bilatéral (si aucun ENT est mis en place, pensez à des outils comme Padlet qui peuvent aussi être collaboratifs).

• Poster (oui, oui, par la poste!) un petit fascicule avec quelques feuilles, des Spirou ou des livres de la bibliothèque de l’école à chaque enfant, avec un petit mot personnalisé.

• Et il y en a bien d’autres selon votre expertise professionnelle, votre imagination et vos disponibilités ! (les profs aussi doivent parfois télétravailler avec des petits bouts sur les genoux...)

 

Bref, garder le contact, donner un petit rythme à des journées qui s’allongent… 

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Notre boulot, c'est l'humain, et beaucoup de nos élèves en ont bien besoin dans cette période chamboulée!

 

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